Avertissement !

Je ne peux pas assurer que l'ensemble des pratiques que j'expose dans ce blog ont encore cours en 2008. S'il n'y a aucune raison que les choses soient radicalement différentes aujourd'hui, il est possible que les pathologies, les additifs et les modes d'élevage aient évolué depuis la fin de mon activité.

mercredi 26 novembre 2008

L'abattage

L'abattoir reçoit par jour sur son quai des centaines de chariots chargés d'oiseaux prévus par le planning. Les chauffeurs qui ont acheminés ces oiseaux, déchargent les chariots de leur véhicule en vrac sur le quai de l'abattoir.

Un employé du lieu dirige les caisses vers la chaîne d'abattage où là, se trouvent des accrocheurs qui ouvrent les caisses les unes après les autres, sortent et jettent par terre les oiseaux morts en cour de transport et accrochent les autres par les pattes, dans une sorte de petits cadres en inox où se dessine dans chacun d'eux une sorte de deux V espacés, permettant l'écartement des pattes qui se coincent grâce au propre poids de l'animal. Ce dernier se retrouve alors tête en bas, les ailes entrebaillées, et le bec semi ouvert avec des restes de pâté de gavage qui en sortent. Le plus grand nombre de ces oiseaux ne réagissent même plus à l'étouffement que provoque la pâtée qu'ils régurgitent tant ils sont à bout. A partir de ce moment, ils ont encore un certain temps à rester dans cette position, avant de passer devant des brumisateurs destinés à les mouiller, précédant le système d'électronarcose.

L'électronarcose est conçue de deux plaques en espèce de téflon qui portent des filins électriques. Ces plaque sont disposées à hauteur des têtes des animaux mouillés et disposées de façon à créer une sorte de couloir qui se rétrécit de plus en plus, obligeant les têtes à se mettre en contact avec les filins électrifiés, qui une fois touchés provoquent des spasmes aux victimes qui y passent. Les têtes des oiseaux continuent dans cet étroit couloir qui les dirige vers des couteaux mécaniques destinés à leur trancher les jugulaires. Pour les oiseaux qui ont eu encore la force de lever la tête et qui ont donc échappés à l'électronarcose et aux couteaux mécaniques, n'échapperont pas à l'employé armé d'un couteau qui les attend et sentiront alors la lame qui trancheront jugulaires et gorge...

A la suite de cela les animaux devenus des cadavres, s'éloignent de plus en plus dans le sillage de la chaîne, pour disparaître peu à peu dans les méandres de l'abattoir, avant de finir dans divers bocaux étiquetés sous le sigle "IGP" destiné aux consommateurs.

Le gavage (suite)

Sur les 3 ou 4 premiers repas, les animaux recevaient du Promacide ajouté dans leurs doses de pâtée et ce, pour soit disant purger leur système digestif. Le Promacide, produit corrosif, était censé acidifier le milieu intestinal. Il n'est pas compliqué de comprendre que les muqueuses du système digestif de ces animaux pouvaient être attaquées par ce corrosif et ce, du bout du bec à l'autre extrémité. Une maladie fréquente touchait les animaux en gavage : la candidose. Cette pathologie profite d'une moindre lésion pour s'installer et proliférer. De plus, dès qu'elle est enclenchée, elle arrive très rapidement à affecter tous les oiseaux par le biais de l'embuc qui passe d'oiseau en oiseau pendant le gavage. Alors pour contrer la candidose au mieux, du premier au dernier repas le gaveur rajoute aux pâtées ni plus ni moins du sulfate de cuivre qui fait parti des métaux lourds et toxiques. Cela est sans parler des antibiotiques nécessaires pour des oiseaux que les gaveurs reçoivent très souvent malades et qu'ils doivent soigner en cours de gavage. Toutes les molécules de ces produits se retrouvent dans tout ce qui constitue l'animal.

Les 4 à 5 derniers jours de gavage sont les plus à craindre. C'est dans cette période que l'hécatombe commence sérieusement et s'amplifie d'heure en heure. Pendant les fortes chaleurs (sans oublier la canicule de 2003), ce sont des milliers d'oiseaux morts jetés à la poubelle, qui avant cela, ont eu tout le temps de vivre leur lente agonie due à l'excès de chaleur et le manque d'air, en plus de la graisse et des blocages digestifs qui doucement étreignaient peu à peu et inexorablement leurs organes vitaux jusqu'au trépas.

Pour les rescapés, au jour et heure prévus de leur départ pour l'abattoir, le calvaire n'est pas encore tout à fait fini. A la sortie des salles de gavage, les oiseaux sortent donc en vrac, chargés par 4 dans les caisses de transport juste avant de revivre en pire (vu leur état de santé), les aléas de la route qu'ils ont connus en tant que PAG et ce parfois sur plusieurs heures avant d'arriver à l'abattoir malgré leur état précaire.

Etape suivante : l'abattage

Le gavage

Le gavage est prévu sur un cycle de 24 repas (soit 12 jours, réembarqués pour l'abattoir le 13ème jour). Une fois les canards mis en place dans leur cage, très souvent le gaveur enchaîne pour le premier service 'repas' de ses nouveaux hôtes et se dirige vers sa gaveuse. Une machine cylindrique dotée d'une vis sans fin en son centre, destinée à brasser de l'eau à de la farine composée de plusieurs ingrédients jusqu'à l'obtention d'une sorte de pâtée. Cette machine est dotée d'une système qui via un flexible se termine par un embout rigide en inox (dit embuc, d'environ 25-30 cm de long et 2 cm de diamètre), destiné à être enfoncé dans le gosier des animaux jusqu'à leur jabot et y injecter directement la pâtée que la gaveuse envoie.

Les gaveurs n'ont pas le droit à l'erreur et doivent avoir l'oeil, pour ne pas créer un blocage digestif ou faire éclater purement et simplement les jabots. Car la gaveuse envoi et pousse toute la dose de pâtée prescrite par sa programmation, que seul un bouton à proximité du doigt du gaveur peut interrompre. Au premier stade de gavage, ces doses croissent rapidement jusqu'à un 'plafond', qui oscille aux environs des 900-950 g par repas, et ce, consignées par un graphique dit 'de courbes'.

Pour donner un aperçu entre un oiseau qui arrive en salle de gavage avec un poids conforme de 3,8 kg, ce poids est l'équivalence à celui d'un homme pesant 70 kg. En reportant le phénomène qu'un canard subi sur cet homme, cela veut dire qu'au moment où la courbe de gavage qu'il subit arrive à son paroxysme, le foie de ce dernier est déjà en état de stéatose avancé et malgré cela, toute les douze heures on continue à lui enfoncer dans l'oesophage un tube d'une circonférence d'environ à celui d'un manche de pelle (proportionnellement), destiné à libérer dans son estomac 17,5 kg de matière en un seul coup. Cela représenterait 25% de son poids initial toutes les 12 heures, ce qui fait 35 kg par 24 heures, in fine 50% de son poids initial par jour et ce sur un cycle de 12 jours consécutifs, soit 24 dits « repas ».

Dans la nature les oiseaux sont loin d'un tel exploit, contrairement à ce que disent certains en affirmant que le gavage est naturel. Il l'est, mais, d'une part, les oiseaux s'auto-gavent d'instinct à des périodes précises de l'année et pas n'importe comment, surtout s'ils veulent assurer leurs étapes migratoires dans de bonnes conditions, ni trop lourds a fortiori trop empâtés. D'autre part, les oiseaux ne sont pas si stupides au point d'ingurgiter n'importe quoi comme à ce qui suit.

Etape suivante : le gavage (suite)