Grimaud-Monfort, filiale d'Euralis, me livrait des canards atteints par
la maladie de Derszy dite aussi "syndrome Nanisme - bec court", et on exigeait
un engagement de ma part à gaver ces animaux malades dont les foies continuaient à être commercialisés sous
IGP "Canards à foie gras du Sud-Ouest" (Identification Géographiquement Protégée).
Dans un courrier daté du 28 janvier 2004 (référencé MV/MD N°D : 150), la
Direction départementale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF) me précise :
"Sur le plan financier, GMD et Eurapalm (groupement de producteurs) ont mis en place un dispositif qui vise à indemniser les producteurs touchés par la maladie de Derszy. Il s'agit d'une caisse de péréquation créée à l'origine pour compenser les pertes dues au choléra...
La compensation fonctionne principalement de la façon suivante. Les animaux anormaux sont triés, les foies sont pesés à part et la caisse compense le manque de poids des foies juqu'à 600 g. Pour les animaux triés, les magrets sont déclassés non IGP, les foies passent dans la filière des petits foies. La maladie de Derszy n'est en aucun cas un motif de saisie de l'animal. De plus, il n'existe aucune interdiction à ce que ces animaux produisent de l'IGP, hormis les critères du poids moyen des lots mis en gavage, du poids unitaire des foies et magrets."
Sur le terrain, cette pathologie attaque la croissance des cannetons. Bien qu'un grand nombre de cannetons meurent en plein pic pathologique, les rescapés qui arrivent à l'âge juvénile, est aussi le moment où Euralis les envoient vers les salles de gavage. Selon le degré d'atteinte plus ou moins sévère que ces rescapés ont subis, ils arrivent nains avec une tête plus ou moins profilée à celle de l'oie (rappelant d'ailleurs l'origine de cette pathologie), rachitiques et des os aussi fragiles que du verre.
Un conférencier d'une école vétérinaire dit que malgré la récurrence de cette pathologie, elle n'est pas dangereuse pour l'homme. Dangereuse ou pas, on ne fait pas consommer à l'insu des gens des produits à base d'animaux à fortiori reconnus malades. De plus, le cahier des charges IGP notamment et donc la charte de qualité, ne préconise nullement une pathologie quelconque. Les oiseaux d'Euralis étaient donc illégaux et bafouaient le principe de précaution.