Avertissement !

Je ne peux pas assurer que l'ensemble des pratiques que j'expose dans ce blog ont encore cours en 2008. S'il n'y a aucune raison que les choses soient radicalement différentes aujourd'hui, il est possible que les pathologies, les additifs et les modes d'élevage aient évolué depuis la fin de mon activité.

mercredi 26 novembre 2008

L'abattage

L'abattoir reçoit par jour sur son quai des centaines de chariots chargés d'oiseaux prévus par le planning. Les chauffeurs qui ont acheminés ces oiseaux, déchargent les chariots de leur véhicule en vrac sur le quai de l'abattoir.

Un employé du lieu dirige les caisses vers la chaîne d'abattage où là, se trouvent des accrocheurs qui ouvrent les caisses les unes après les autres, sortent et jettent par terre les oiseaux morts en cour de transport et accrochent les autres par les pattes, dans une sorte de petits cadres en inox où se dessine dans chacun d'eux une sorte de deux V espacés, permettant l'écartement des pattes qui se coincent grâce au propre poids de l'animal. Ce dernier se retrouve alors tête en bas, les ailes entrebaillées, et le bec semi ouvert avec des restes de pâté de gavage qui en sortent. Le plus grand nombre de ces oiseaux ne réagissent même plus à l'étouffement que provoque la pâtée qu'ils régurgitent tant ils sont à bout. A partir de ce moment, ils ont encore un certain temps à rester dans cette position, avant de passer devant des brumisateurs destinés à les mouiller, précédant le système d'électronarcose.

L'électronarcose est conçue de deux plaques en espèce de téflon qui portent des filins électriques. Ces plaque sont disposées à hauteur des têtes des animaux mouillés et disposées de façon à créer une sorte de couloir qui se rétrécit de plus en plus, obligeant les têtes à se mettre en contact avec les filins électrifiés, qui une fois touchés provoquent des spasmes aux victimes qui y passent. Les têtes des oiseaux continuent dans cet étroit couloir qui les dirige vers des couteaux mécaniques destinés à leur trancher les jugulaires. Pour les oiseaux qui ont eu encore la force de lever la tête et qui ont donc échappés à l'électronarcose et aux couteaux mécaniques, n'échapperont pas à l'employé armé d'un couteau qui les attend et sentiront alors la lame qui trancheront jugulaires et gorge...

A la suite de cela les animaux devenus des cadavres, s'éloignent de plus en plus dans le sillage de la chaîne, pour disparaître peu à peu dans les méandres de l'abattoir, avant de finir dans divers bocaux étiquetés sous le sigle "IGP" destiné aux consommateurs.

Le gavage (suite)

Sur les 3 ou 4 premiers repas, les animaux recevaient du Promacide ajouté dans leurs doses de pâtée et ce, pour soit disant purger leur système digestif. Le Promacide, produit corrosif, était censé acidifier le milieu intestinal. Il n'est pas compliqué de comprendre que les muqueuses du système digestif de ces animaux pouvaient être attaquées par ce corrosif et ce, du bout du bec à l'autre extrémité. Une maladie fréquente touchait les animaux en gavage : la candidose. Cette pathologie profite d'une moindre lésion pour s'installer et proliférer. De plus, dès qu'elle est enclenchée, elle arrive très rapidement à affecter tous les oiseaux par le biais de l'embuc qui passe d'oiseau en oiseau pendant le gavage. Alors pour contrer la candidose au mieux, du premier au dernier repas le gaveur rajoute aux pâtées ni plus ni moins du sulfate de cuivre qui fait parti des métaux lourds et toxiques. Cela est sans parler des antibiotiques nécessaires pour des oiseaux que les gaveurs reçoivent très souvent malades et qu'ils doivent soigner en cours de gavage. Toutes les molécules de ces produits se retrouvent dans tout ce qui constitue l'animal.

Les 4 à 5 derniers jours de gavage sont les plus à craindre. C'est dans cette période que l'hécatombe commence sérieusement et s'amplifie d'heure en heure. Pendant les fortes chaleurs (sans oublier la canicule de 2003), ce sont des milliers d'oiseaux morts jetés à la poubelle, qui avant cela, ont eu tout le temps de vivre leur lente agonie due à l'excès de chaleur et le manque d'air, en plus de la graisse et des blocages digestifs qui doucement étreignaient peu à peu et inexorablement leurs organes vitaux jusqu'au trépas.

Pour les rescapés, au jour et heure prévus de leur départ pour l'abattoir, le calvaire n'est pas encore tout à fait fini. A la sortie des salles de gavage, les oiseaux sortent donc en vrac, chargés par 4 dans les caisses de transport juste avant de revivre en pire (vu leur état de santé), les aléas de la route qu'ils ont connus en tant que PAG et ce parfois sur plusieurs heures avant d'arriver à l'abattoir malgré leur état précaire.

Etape suivante : l'abattage

Le gavage

Le gavage est prévu sur un cycle de 24 repas (soit 12 jours, réembarqués pour l'abattoir le 13ème jour). Une fois les canards mis en place dans leur cage, très souvent le gaveur enchaîne pour le premier service 'repas' de ses nouveaux hôtes et se dirige vers sa gaveuse. Une machine cylindrique dotée d'une vis sans fin en son centre, destinée à brasser de l'eau à de la farine composée de plusieurs ingrédients jusqu'à l'obtention d'une sorte de pâtée. Cette machine est dotée d'une système qui via un flexible se termine par un embout rigide en inox (dit embuc, d'environ 25-30 cm de long et 2 cm de diamètre), destiné à être enfoncé dans le gosier des animaux jusqu'à leur jabot et y injecter directement la pâtée que la gaveuse envoie.

Les gaveurs n'ont pas le droit à l'erreur et doivent avoir l'oeil, pour ne pas créer un blocage digestif ou faire éclater purement et simplement les jabots. Car la gaveuse envoi et pousse toute la dose de pâtée prescrite par sa programmation, que seul un bouton à proximité du doigt du gaveur peut interrompre. Au premier stade de gavage, ces doses croissent rapidement jusqu'à un 'plafond', qui oscille aux environs des 900-950 g par repas, et ce, consignées par un graphique dit 'de courbes'.

Pour donner un aperçu entre un oiseau qui arrive en salle de gavage avec un poids conforme de 3,8 kg, ce poids est l'équivalence à celui d'un homme pesant 70 kg. En reportant le phénomène qu'un canard subi sur cet homme, cela veut dire qu'au moment où la courbe de gavage qu'il subit arrive à son paroxysme, le foie de ce dernier est déjà en état de stéatose avancé et malgré cela, toute les douze heures on continue à lui enfoncer dans l'oesophage un tube d'une circonférence d'environ à celui d'un manche de pelle (proportionnellement), destiné à libérer dans son estomac 17,5 kg de matière en un seul coup. Cela représenterait 25% de son poids initial toutes les 12 heures, ce qui fait 35 kg par 24 heures, in fine 50% de son poids initial par jour et ce sur un cycle de 12 jours consécutifs, soit 24 dits « repas ».

Dans la nature les oiseaux sont loin d'un tel exploit, contrairement à ce que disent certains en affirmant que le gavage est naturel. Il l'est, mais, d'une part, les oiseaux s'auto-gavent d'instinct à des périodes précises de l'année et pas n'importe comment, surtout s'ils veulent assurer leurs étapes migratoires dans de bonnes conditions, ni trop lourds a fortiori trop empâtés. D'autre part, les oiseaux ne sont pas si stupides au point d'ingurgiter n'importe quoi comme à ce qui suit.

Etape suivante : le gavage (suite)

La mise en place en salle de gavage

Quand le camion livreur des PAG arrive sur le site de gavage, en s'approchant de ce dernier, on sent une grosse chaleur humide d'où émane une odeur nauséabonde, issue des caisses qu'il transporte. Sous des temps froids, on voit le camion entouré d'une 'aura' de vapeur. Dans les interstices des caisses, on entrevoit les canards haletants comme des chiens, trempés et stressés...

Une fois le camion mis en place pour le déchargement, les chariots y sont sortis et acheminés dans la salle de gavage composée d'allées bordées par des cages exigües destinées à accueillir les nouveaux pensionnaires. Visiblement les oiseaux ont peur et se blottissent les uns contre les autres, ou plutôt essayent de se fondre les uns dans les autres. Pour les plus exposés, certains ont le bec semi ouvert libérant le sifflement quasi aphone (typique des mulards).

Au moment de les saisir pour les mettre dans les cages de gavage, ils s'entassent encore plus tous au fond de leur caisse de transport, à l'opposée de la personne qui vient pour les sortir. Cette dernière les extirpe de la caisse un par un et comme elle le peut. Sorti de la caisse, la personne lui joint les deux ailes pour ne pas prendre de claques car le canard attrapé se débat et pouvoir ainsi placer plus facilement l'animal saisi dans la cage de gavage. Sur le temps de la transition entre la caisse de transport à la cage exiguë de gavage, on voit l'oiseau attrapé habillé misérablement, dues aux fientes qu'il a reçu sur le temps de son transport. Ces fientes, étalées par les frottements entre ses congénères, lui ont collé les plumes les unes aux autres jusqu'à former d'épais rouleaux en forme de stalactites, donnant cet habillement misérable de guenille grasse, de couleurs grise-verdâtre, à l'odeur répugnante.

On observe aussi dans ces entrefaites, qu'excédés par la peur, certains oiseaux (de nature plutôt farouches concernant du moins les canards) ont des comportements agressifs, pinçant fortement de leur bec ce qu'ils peuvent attraper (un doigt, une manche, etc...). Ce comportement laisse à penser que ces oiseaux gagent le tout pour le tout, avec le dernier espoir d'une liberté inespérée.

Pour certains d'entre eux, le voyage s'arrête là. Ce sont ceux qui attestent, avec leur bec bleui et légèrement entrouvert, laissant entrevoir une langue cyanosée, trahissant de ce qu'ils ont subis pendant leur transport, les menant jusqu'à cette mort lente issue d'une asphyxie évidente. Les jours chauds sont plus fastes pour ce genre de phénomène 'logique', où ces images cachées ont été largement démultipliées pendant la canicule 2003 que les consommateurs ne voient pas.

Etape suivante : le gavage

Le transport vers la salle de gavage

Pour les chargements destinés à acheminer les PAG sur les sites de gavage, les oiseaux sont coincés et saisis par une aile jusqu'à en faire une poignée de 4 ou 5 individus pour les entasser sans ménagement dans des caisses de transport. Caisses qui doivent accueillir individuellement un total de 7 sujets. Ces caisses de transport sont elles mêmes empilées par 6 ou 7 sur des petits chariots, eux mêmes acheminés et mis les uns contre les autres sur un camion (voir camion-remorque ou semi-remorque pour minimiser les coûts des transports). Très souvent le camion a déjà d'autres chariots sur le dos, remplis de cages d'oiseaux venant d'autres élevages.

Le chargement terminé, c'est le départ et un voyage fastidieux au gré des livraisons : 980, 968, 984, voir 1000, 1500 canards censés correspondre aux capacités des salles de gavage, ou 250, 300 pour compléter une livraison incomplète livrée préalablement. Ce petit manège de colportages que subissent les oiseaux peut couvrir un temps oscillant entre plus ou moins 1 à 9 heures environ. Déjà stressés à cause des manipulations brutales lors de leur chargement, ces oiseaux se retrouvent pendant tout le temps de leur voyage serrés comme des sardines dans leur boîte, subissent en sus du trafic 'dépositaire', les trépidations des routes (ronds points, culs de poules, etc.), affrontent les conditions climatiques du moment (sachant que la chaleur est la pire pour ces oiseaux), sans aucun moyen de s'hydrater, se déféquant les uns sur les autres ou l'odeur ammoniaquée émanant de leurs fèces les asphyxient encore plus et les empoisonnent, agressant leur gosier qu'ils ont déjà si sec...

L'élevage

L'élevage est prévu sur un cycle de 82 jours (moins de 3 mois), pour fabriquer in fine des canards PAG (Prêt A Gaver).

Dans un premier temps ils seront tenus enfermés dans les bâtiments d'élevage équipés pour les tenir au chaud le temps de leur très jeune âge, avec à disposition nourriture et eau. Quelques jours plus tard, les petites plumes remplaçant peu à peu le duvet, les jeunes oiseaux sont alors « autorisés » à sortir sur le terrain juxtaposant leur bâtiment d'élevage. Liés à la masse, il n'est pas rare de voir ces oiseaux sur des parcelles de terrain exsangues d'herbe, remplacées par une terre brulée par les fèces où ils n'ont d'autres choix que de patauger dedans tout en les barbotant.

Le système d'élevage prévoit pour les oiseaux, des cycles préparatoires au gavage. Pour ce faire, les éleveurs doivent jouer finement une stratégie stressante pour ses ouailles, sans qu'ils ne perdent trop de poids. C'est l'effet « éponge ». Ils commencent à faire subir une diète forcée à leurs animaux, en ne les nourrissant pas sur une journée, pour ensuite leur donner une grande quantité de nourriture sèche. Les oiseaux affamés, se jetteront sur cette nourriture sèche, pour l'ingurgiter à outrance jusqu'à remplir entièrement leur jabot. Par logique la soif s'installe immédiatement, à la suite de quoi, de l'eau leur sera proposée, sur laquelle les oiseaux se jetteront dessus et aura pour effet de dilater la nourriture sèche à tel point qu'elle gonfle et distend outrageusement leur jabot. Cette stratégie 'effet d'éponge' se répète plusieurs fois pendant le cycle de leur élevage. Au bout des 82 jours de ce style d'élevage, les oiseaux deviennent des PAG (Prêt A Gaver).

Quelques jours avant l'étape suivante qu'est le gavage qui les attend, un prélèvement des quelques sujets est fait sur le ou les lot(s), afin de le ou les présenter à un laboratoire qui travaille très souvent, pour ne pas dire en permanence, avec le groupe propriétaire des animaux à autopsier. Quoiqu'il en soit, les oiseaux destinés au gavage, doivent avoir à leur arrivée en salle de gavage, des papiers garantissant aux gaveurs la traçabilité de ces animaux via un numéro d'origine, mais aussi un poids minimum de 3,8 kg, bien emplumés, avec un jabot large et souple et sans présence de pathologie quelle qu'elle soit (du moins visible) et conforté par le rapport d'examens pratiqués par le laboratoire. C'est sous ces conditions que les canards pourront être admis en salle de gavage et ce, pour le respect du cahier des charges IGP (Indication Géographique Protégée)...

L'accouvage

Via des centaines de milliers d'oeufs couvés dans d'énormes couveuses, l'éclosion se fera au jour programmé dicté par un planning. Au jour 'J' des milliers d'oiseaux, arrivent tout fraîchement de leur 'firmament' et sont immédiatement pris en charge par une poignée de personnes. A peine séchés de leur éclosion, ces petits êtres sont manipulés comme des petits jouets en duvet.

Un sexage les divise pour ne garder que les mâles, jetant purement et simplement presque toutes les femelles à la poubelle vu qu'elles ne donneront un foie que trop nervuré et veineux. Les sélectionnés sont entassés dans des caissettes destinées pour les sites d'élevages eux aussi programmés pour le jour 'J', à recevoir ces très jeunes oiseaux.

Etape suivante : l'élevage

lundi 24 novembre 2008

Sud-Ouest 30/06/2004







Le vétérinaire « justicier » devant le tribunal

BERGERAC. Une entreprise de foie gras a attaqué l'inspecteur pour avoir livré des informations secrètes à un journaliste

« Foie gras : des couacs dans le canard. » L'enquête rédigée sous ce titre par Fanny Guibert dans la revue « 60 millions de consommateurs », en novembre 2002, a fait bondir l'entreprise sarladaise, Rougié Bizac International, poids lourd français de la production de foie gras. La société était mise en cause au sujet d'une importation de 5 tonnes de foie gras de Bulgarie, présentant une litanie d'anomalies : « abcès », « couleur anormale » ou « liaisons de fibrose saigneuses », d'après une inspection effectuée le 15 mai 2002.

Hier, devant le tribunal correctionnel de Bergerac, l'auteur de l'inspection, Alain Labeille, comparaissait pour violation du secret professionnel, et la journaliste pour recel d'informations. L'inspecteur vétérinaire, qui prend sa retraite aujourd'hui, a retourné l'accusation. « Il fallait stopper une importation frauduleuse et plus généralement mettre de l'ordre dans la filière foie gras. Elle est en train de se dévoyer ! »

D'après Alain Labeille, les services vétérinaires ne parvenaient pas à faire appliquer la loi. Cette affaire aurait été « la goutte d'eau » de trop : un lot de 1 732 tonnes qu'il avait consigné en attendant une expertise plus fine serait parti à la transformation. « Cela aurait pu faire l'objet d'une autre procédure », observe la présidente. « Ce refus de consigne était une première. La guérilla avec cette entreprise dure depuis trois ans. »

« Toxiques et corrompus ». Il reconnaît avoir violé le serment professionnel, tout en soulignant que l'administration a continué à faire appel à lui pour la formation de ses pairs. Fanny Guibert, elle, refuse de trahir sa source. « J'ai rencontré beaucoup de gens, je suis payée pour recouper les informations », lance-t-elle, mentionnant un document alarmant de la Direction générale de la consommation et la répression des fraudes au sujet des blocs de foie gras, l'été 2002.

L'avocate de Rougié souligne que le foie gras bulgare a été importé de manière légale. « M. Labeille dépeint ces foies gras comme "toxiques et corrompus". Or, une analyse du 2 juillet a montré que les foies étaient conformes. » On apprend au passage que la procédure initiale a été classée sans suite. Rougié met en avant ses efforts en matière de contrôle et le préjudice d'autant plus important que l'affaire est sortie juste avant les fêtes. L'avocate estime à 1 million d'euros les pertes, mais demande 1 euro de dommages et intérêts, plus un total de 55 972 euros de frais liés à la gestion de la crise. La procureur demande 3 000 euros d'amende pour chacun des prévenus. Le délibéré sera rendu le 27 juillet.

Philippe Ménard

Le Monde 18 décembre 2004





Deux gaveurs landais accusent une coopérative

Dans les Landes, Yvon Martinez, a cessé, depuis le 30 juin, de gaver des canards, après un an et demi de travail pour Grimaud Monfort (coopérative Euralis). "On gavait des canards souffrant de Derszy - une maladie virale -, sans jabot et mal emplumés", raconte son épouse. Philippe Lapaque, un autre ancien gaveur landais, est entré en conflit avec son ancien donneur d'ordres.
Au sein de la filière, les gaveurs indépendants sont tributaires des coopératives qui les cofinancent, leur fournissent les canards âgés de treize semaines, l'alimentation (une purée à base de maïs), avant de les récupérer treize jours plus tard pour les abattre. Après avoir refusé de gaver des canards - en dépit d'une pénalité financière de 28 centimes d'euro par tête - et fait constater par huissier, en 2003, le mauvais état de 132 animaux sur un total de 968, M. Lapaque est parti au combat. Ruiné, il fait l'objet d'une procédure judiciaire lancée par son ancien partenaire.

"Ces oiseaux n'étaient pas conformes au cahier des charges demandé par le label Indication géographique protégée (IGP)", dit-il en précisant qu'il ne possédait pas, non plus, les certificats d'origine. "Ce M. Lapaque a des problèmes personnels. Les arguments et les propos qu'il tient sont erronés", répond Patrick Neaume, le patron de Grimaud Monfort.

La direction départementale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes des Landes, saisie du dossier, estime que la traçabilité n'est pas en cause. La maladie de Derszy ne rendrait pas non plus les foies impropres à la consommation. Interrogée sur le fait de savoir si elle livrait des canards atteints de cette maladie, Euralis n'a pas souhaité répondre sur ce point.

Mais des questions subsistent. Selon un ancien inspecteur des services vétérinaires de Dordogne, certains fabricants ne retirent pas toujours les produits douteux après l'abattage. Une enquête du magazine 60 millions de consommateurs l'avait déjà révélé en novembre 2002. "J'ai pu voir dans des entreprises des foies pathologiques qui présentent des lésions que l'on peut imputer à des virus", confie cet inspecteur, qui cite des "hépatites interstitielles, des nécroses et des fibroses".

Florence Amalou

Coupures de presse

Sud-Ouest 24/12/07 "Son combat continue"
Sud-Ouest 01/07/04 "Le Sud-Ouest en danger"

Sud-Ouest 01/07/2004

« Le Sud-Ouest en danger »

Christian Pees, 47 ans, président du Groupe Euralis - le numéro un de la coopération agricole du Sud-Ouest avec un CA de 868 millions d'euros, 15 000 agriculteurs adhérents et 3 200 salariés -, adressait dernièrement une lettre ouverte-pétition au ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Hervé Gaymard.

Et ce, sous la forme d'une page de communication dans la presse, grande première pour la coopération agricole. La démarche a dépassé les espérances de Christian Pees et de tous les dirigeants d'Euralis : 4 000 signatures déjà recueillies, et beaucoup plus de félicitations que de critiques au courrier. Euralis a demandé une audience à Hervé Gaymard afin qu'une délégation de professionnels et de politiques remette directement la pétition au ministre.

Gaucho et OGM.

Pourquoi une telle démarche de la part d'un président de coopérative ? « Justement parce que nous sommes avant tout une coopérative !, affirme Chistian Pees. Nous sommes en face d'une accumulation de mesures qui vont obérer la capacité de nos adhérents à être de bons agriculteurs. Plus on va, plus on est placé dans l'incapacité de faire notre métier. Si nous n'étions pas une coopérative, nous nous adapterions à la nouvelle donne et sans doute irions-nous voir ailleurs pour rester compétitifs. Mais nous sommes attachés à un territoire que nous devons faire vivre. Or, l'activité agricole régionale est remise en cause. La ferme du Sud-Ouest est en danger. Trop, c'est trop. Il y en a marre ! »

Quelles sont ces mesures que Christian Pees juge négatives ? « Nous sommes par exemple placés dans l'impossibilité de protéger notre maïs des insectes. Cela va au-delà de la seule suspension du Gaucho. C'est une technique qui, à nos yeux, est un progrès vis-à-vis de l'environnement et de la santé qui est remise en cause. Je ne veux pas entrer dans la polémique à propos des abeilles, mais il est tout de même troublant que le problème ne se pose qu'en France. Je peux aussi évoquer les nitrates. Je suis agriculteur dans la vallée du gave d'Oloron, classée zone vulnérable. Toutes les analyses montrent qu'il n'y a pas de problème de nitrates dans ce secteur. Or, on m'impose des règles d'apport d'azote qui font baisser mon rendement. Qu'on le fasse là où il le faut, d'accord, mais pas où c'est inutile ! »

« On peut aussi parler du maïs OGM. L'Espagne, qui, en 2003, cultivait 35 000 hectares de variétés génétiquement modifiées, en annonce 100 000 cette année, la culture pouvant être mise en place dans des zones jusque-là infestées par la pyrale. Simple constat : le maïs OGM se développe à 100 kilomètres de chez moi, et le Sud-Ouest va perdre un débouché de 1 million de tonnes de l'autre côté des Pyrénées. On veut pendant ce temps nous interdire les traitements par hélicoptère et nous obliger à recourir aux enjambeurs. »

Interpeller l'opinion.

« A cela s'ajoutent des contraintes d'ordre social. On veut que nos dépôts de collecte gérés par nos agriculteurs mandataires le soient désormais par des salariés. Mais cela va nous contraindre à les fermer. De même, on nous demande que, dans la filière canard intégrée, nous salarions les gaveurs. Si on nous l'impose, les canards ne seront pas produits... »

Christian Pees estime que si tout cela continue, l'agriculture du Sud-Ouest va être sérieusement handicapée et qu'un groupe comme le sien, qui a dû supprimer plus de 300 emplois en deux ans, poursuivra sur la voie du repli. C'est pour tenter de l'éviter qu'il « monte au front pour interpeller l'opinion publique ». « J'en appelle à la cohésion des citoyens. Ne vaut-il pas mieux faire un effort collectif plutôt que continuer sur une voie qui conduit à importer et à bouffer de l'agriculture productiviste qui se développe loin de chez nous ? »

Gilbert Garrouty


dimanche 23 novembre 2008

Présentation

J'ai travaillé comme gaveur de canards, dans les Landes, sous contrat avec GMD, filiale du groupe Euralis (propriétaire des marques de foie gras Montfort, Pierre Champion, Rougié, Bizac, etc.).

Fin 2003, j'ai décidé de suspendre cette activité. Pourquoi ? Lisez ce blog, et vous comprendrez !

Euralis m'a alors assigné au tribunal pour rupture de contrat. En 2007, la justice a déclaré que le contrat qui me liait à Euralis n'était pas valable. Le groupe a fait appel de ce jugement. J'ai tenté de reprendre le dialogue avec Euralis, mais ma demande est restée sans réponse à ce jour (novembre 2008).

Au delà de mon cas personnel, il y a trop de choses que j'ai découvert en pratiquant ce métier pour rester silencieux. J'ai le devoir de témoigner de ce que j'ai vu sur les méthodes de fabrication du foie gras dans cette filière-là, sur ce que subissent les gaveurs, et ce qu'endurent les oiseaux.

J'espère que ce que vous apprendrez sur ce blog vous fera réfléchir avant d'acheter du foie gras. Et si vous êtes gaveur, que cela vous aidera à défendre vos intérêts et vos droits face à ce groupe devenu si puissant.

Pour me contacter, écrire un courrier électronique à canardupe@hotmail.fr

dimanche 16 novembre 2008

Vidéo - Canards malades avant gavage et traitement antibiotiques

Canards malades - constat d'huissier et de vétérinaire

Comme je l'explique ici, après une première période d'élevage, les animaux sont alors acheminés chez un gaveur, c'est l'aboutissement logique du parcours qui conduit de l'œuf au pot.
Le cahier des charges IGP (Identification Géographiquement Protégé) notamment et donc la charte de qualité, ne préconise nullement une pathologie quelconque. Et pourtant, voici un exemple concernant un lot qui m'a été livré et dont j'ai fait dûment constaté l'état par un vétérinaire accompagné par un huissier de Justice qui déclare, je cite :
"Je contaste dans la salle de gavage :
- que [132 canards] présentent des anomalies anatomiques : becs courts, petits becs, ailes cassées, retard de croissance ;
- que le Dr XXX me confirme :
* que tous ces canards présentant des anomalies ne pourront avoir une croissance normale ;
* que parmi les anomalies il y a présence massive de becs courts et importante de petits becs ;
* que certains canards présentent les syndromes de la maladie de DERSY, et qu'il est possible qu'il y ait d'autres maladies."
La preuve par l'image (cliquez dessus pour voir en plus grand) :






samedi 15 novembre 2008

Caisse de péréquation - Maladie de Derszy (symptômes Becs courts)

Grimaud-Montfort et Eurapalm (groupement de producteurs) ont mis en place un dispositif qui vise à indemniser les producteurs touchés par la maladie de Derszy (Symptômes Becs courts). Il s'agit d'une caisse de péréquation créée à l'origine pour compenser les pertes dues au choléra...

Pour pouvoir bénéficier de l'aide de cette caisse, je cite :
"Le gaveur s'engage à accepter la livraison de lots de canards Prêt à gaver comportant la présence de canards aux becs courts."
La preuve en image (cliquer dessus pour la voir en grande taille) :


Je rappelle que les foie gras issus des canards atteints par cette maladie étaient et sont peut être encore vendus sous IGP "Canards à foie gras du Sud Ouest"

Sur la maladie de Derszy

samedi 1 novembre 2008

Vidéo - "La maladie de Derszy"

Témoignage en vidéo

Video - Foie gras : "de l'oeuf à la mélasse industrielle"

Vidéo - Mon message aux gaveurs

L'esclavagisme moderne

En notre temps pour que l'esclavagisme moderne se fasse vilement sur notre territoire et contrer les Droits de l'homme, il suffit pour la forme d'un contrat dit "d'intégration", d'un intégrateur, d'un intégré et de quelques complaisances bien placées.

L'intégrateur sachant que les personnes qui le sollicitent sont des gens (même novices du milieu agricole) qui cherchent un travail, n'hésite pas alors a envoyer un de ses subordonnés chez ces personnes et de profiter de cette "faiblesse d'emploi" pour faire signer ses contrats à la base très allèchant ( 1700€ / 1800€ net comptable par mois en 2003).

Quand le signataire devenu depuis un intégré et qu'il découvre, quand il a l'occasion, d'éplucher son contrat dans les détails, qu'il adhére à une association "maison" sensée le représenter et défendre ses droits de producteur. Que l'intégrateur précise aussi que les canards lui appartiennent et qu'avec ces deniers, seules les livraisons de farine alimentaire l'incombe. Par ailleurs et pour info, le prix moyen de cet aliment doit figurer à la date de la signature du contrat (......€) et ce, même si quelques lignes plus bas il est précisé que cet aliment est à charge de l'intégrateur. Ce seul manquement au contrat (......€), représente une carence illégale pouvant entrainer la nullité de ce dernier.

Plus globalement ce contrat met sous une forme plus ou moins légale l'intégré dans le statut d'indépendant, pour qu'il puisse être autorisé à obtenir un numéro d'exploitant et de TVA, en vu de supporter les causes à effets négatives dus à ce titre, tels que les charges sociales et tout ce qui est sensé de l'incomber en tant qu'exploitant agricole (phytologie, entretien etc).

Pour mettre les intégrés à sa botte, la technique de l'intégrateur est simple et évidente. La base de ce "concept" commence par une "auto-facturation". En effet, contrairement à ses propres conditions contractuelles, il est précisé (art 16) « qu'en contre partie de la prestation, l'intégré facturera à l'intégrateur une prestation déterminée en fonction technique selon la grille figurant dans les conditions particulières figurant en annexe ». Ceci n'est qu'une des thèses pour rester dans une "pseudo-légalité" sur papier. Car concrètement l'intégrateur fait les factures de ses intégrés à la place de ces derniers et autre raison de résiliation du contrat aux tords exclusifs de l'intégrateur. Mais grâce à la passivité des intégrés devenus vulnérables, l'intégrateur, sous une forme d'abus de pouvoirs, n'hésite pas à appliquer d'autres dommages, notamment en appliquant de lourdes pénalités injustifiées, comme par exemple compter sur le compte des intégrés les canards qui meurent en cours de gavage mais aussi en cours de transport de la salle de gavage vers l'abattoir, ce qui est là aussi totalement contraire au contrat et autre motif de résiliation. Conclusion, il n'est pas rare que des intégrés travaillent pour des factures ridicules voir à 0€ émises sans vergogne par l'intégrateur, pire encore quand ils ne doivent pas de leurs poches à ce dernier via des factures négatives, quand on sait qu'un canard mort coute à l'intégré plus de 4 canards arrivés à termes et vivant à l'abattoir, ce qui est là aussi totalement contraire au contrat (art 13).

Quand on connait les conditions concrétes qu'applique sur le terrain l'intégrateur, il est peut être aussi plus facile de comprendre pourquoi dans certains journaux tels que dans le "Sud Ouest" de juin 2004, l'intégrateur fait un odieux chantage en interpellant l'opinion publique en ces termes: « ... De même, on nous demande que, dans la filière canard intégrée, nous salarions les gaveurs. Si on nous l'impose, les canards ne seront pas produits... »...

Voir en vidéo "Mon message pour les gaveurs"